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dans les arbres. Oui tu comprends, autrement que d’habitude; plus aussi doux et tendre, plutôt ressemblant à l’eau qui mugit. Le jour auparavant, j’avais encore parcouru toute la forêt, trébuché sur des tapis de mousse parfumée et j’avais admiré les arbres dans leur habits de feuilles dorées que le soleil du soir faisait luire. Je dois certainement m’être endormi en courant parce que maintenant je me réveille au milieu de la forêt. J’ouvre les yeux et regarde vers le sommet des arbres parce que quelque chose à changé en ce jour. Ce n’est pas seulement le vent en rafales, sous lequel les arbres se plient comme sous une lourde charge. Et cette inhabituelle tiédeur et ce mugissement différent. Non, c’est, et je crois à peine mes yeux, ce sont les feuilles. Elles tombent des arbres ! Juste au moment où elles sont si belles et multicolores.
Quel dommage, pense-je. C’est certainement l’action du vent, sans égard, il les arrache des arbres. Et je crie très fort : « Hé ,vent, tu arraches les feuilles ! Arrête, tu fais mal aux arbres. »
Mais le vent ne m’écoute pas. Il ne peut pas m’entendre parce qu’il est trop fort. Et toujours plus de feuilles tombent. Les nuages passent très vite à travers le ciel, déchirés par le vent. Et partout se répandaient de l’empressement et de la hâte. Tu sais, c’est très particulier, tu ne le vois pas, mais le ressens. C’est comme si le temps passait soudainement plus vite parce qu’il a peur de rester sur place. Les abeilles sont parties et même les papillons ne peuvent tenir tête au vent qui est presque une tempête. Là je vois Félix, l’écureuil, sauter à travers les feuilles.
Et je dis : « Dis, Felix, qu’y a t il ? Le vent arrache les feuilles et fait mal aux arbres. Ne peux-tu pas les raccrocher. Tu es toujours là en haut toi. »
Et Félix répondit : « Pas le temps, pas le temps, je dois trouver de la nourriture. Il va y avoir l’automne. »
« Automne » demandai-je « qu’est-ce que c’est ? »
Mais Félix est déjà reparti. Et de plus en plus de feuilles qui tombent sur la terre. Le vent les tourne en cercle et les fait monter en tourbillonnant. Et je crie : « Vent, arrête-toi ! Tu arraches les feuilles des arbres pour jouer avec elles. C’est honteux. »
Alors, il m’écoute.
« Que veux-tu », me murmure-t-il doucement. « Les feuilles sont détachées. Elles tombent tout simplement. »
« Mais pourquoi ? » lui demande-je.
Mais il s’enfuit balayant tout de son souffle. Et des feuilles d’arbres tombent encore. Le sol est déjà tout recouvert et j’entends un léger bruit de frou-frou si je cours. Maintenant il fait aussi sombre; mais je ne peux pas dormir. Maintenant tout est calme. Le vent s’est arrêté; seulement occasionnellement, il passe sur la hauteur par dessus la clairière.
Ensuite, on a l’impression que c’est la montagne qui respire profondément et régulièrement.
Si je regarde vraiment je crois voir comment de façon à peine perceptible, elle s’élève et s’abaisse.
Ensuite, la lune se lève. Elle me regarde à travers les arbres, qui ont déjà considérablement moins de feuilles.
« Oliver », me dit-il, » pourquoi ne dors-tu pas ? »
« Je ne peux pas », lui dis-je. « Lune, tu dois m’aider. Qu’est-ce que l’automne ? Pourquoi les feuilles tombent-elles des arbres ? Le vent... »
« Je ne sais pas », dit-il. » C’est le temps pour cela. Bientôt tout sera blanc, le grand sommeil…»
« Que veux-tu dire », m’écriai-je. « Les feuilles deviendront-elles blanches ? Ne font-elles que dormir avant de revenir ensuite aux arbres ? Et que font les arbres pendant ce temps ? Ils vont geler, ils va faire froid... »
« Je ne sais pas. » dit la lune doucement.
Et on croirait entendre ceci « je sais... », parce que ses derniers mots sont déjà couverts par le bruit du vent qui est revenu, mugit dans les sommets des arbres et finit par pousser un gros nuage devant la lune, comme s’il voulait dire : « Laisse, tout est bien, mon ami. Le petit là en bas, il ne te comprend quand même pas... ».
Mais je voudrais bien comprendre, pense-je. Puis, je m’endors. Quelques jours plus tard, je rencontre Pix le hérisson. Il n’est pas aussi joyeux que d’habitude; pas triste non plus, seulement lent et paresseux. Fatigué, il se glisse au travers des feuilles, et là où le vent a entassé de gros tas, il s’arrête et regarde.
« Pix », lui dis-je, « sais-tu... » Il ne m’entend pas. Apparemment il s’est endormi en restant debout. Je crie plus tard : « Pix, que t’arrive-t-il ? ».
Lentement, très lentement, il se retourne et me regarde de ses yeux en bouton irrités.
« Que veux-tu ? Je suis fatigué – si fatigué... », baille-t-il.
« S’il te plaît, dis-moi pourquoi les feuilles tombent-elles ? »
« Les feuilles ? » bredouille-t-il. « Oh, elles sont bien chaudes. Mais je suis fatigué, laisse-moi en paix... »
« S’il te plaît, Pix... »
Mais alors il disparaît tout bonnement dans le tas de feuilles entre les racines d’un grand hêtre et part. Les jours passent et bientôt toutes les feuilles sont tombées des arbres. Elles ne sont plus si belles et multicolores. Elles paraissent grises et froissées. Tu comprends et alors je me rends compte que ça n’aurait eu aucun sens si Félix les avait raccrochées. Elles ne seront plus jamais aussi belles qu’avant. Mais personne ne me dit pourquoi c’est comme cela.
Et puis je rencontre une nuit ainsi Thora, la chouette. Thora est très intelligente. Elle est posée sur une grosse branche et bien que la lune ne brille pas, je peux