Sous les arbres

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von Dieter J Baumgart

Pour Gerlinde

« Regarde donc, quelqu’un est assis là-bas ! »

« Où ? »

«Là-bas au ruisseau. Tu le vois ? »

« Oui, voyez donc ! Un homme, il dort ! »

« Non, il écrit ! »

Qui discutait ainsi ensemble ? C’étaient des arbres. Or, normalement des arbres ne parlent pas ensemble – c’est du moins l’avis des humains – peut-être s’agissait- il d’une forêt particulière ?
Non, ce n’était pas une forêt particulière.
Cependant c’était un homme particulier qui était assis là bas.
Et parce que des arbres sont curieux – comme tous les êtres vivants – ils se penchèrent pour mieux le regarder.
Mais étant bien feuillus ils ne pouvaient pas bien voir ce qu’il faisait.

« Il n’a pas de scie avec lui », remarquèrent les écureuils et ainsi ils rassurèrent les arbres.

« Regarde donc, une pensée », s’exclama un jeune bouleau qui tremblait plein d’espoir dans la lumière du matin.

« Oui, une pensée », confirma un grand vieux hêtre. « Va-t-elle donc voler ? »

Ća n’arrivait pas souvent qu’une pensée vole librement dans une forêt. Les plantes et les animaux gardaient aussi leurs pensée toutes ! Ils se connaissaient depuis si longtemps et savaient bien ce que l’un et l’autre d’entre eux pensaient.

« Les pensées », avait dit jadis un hibou, sage et vieux, à ses enfants, « les pensées sont tissées d’un matériau particulier : de foi, d’imagination et de reconnaissance. Ainsi que d’amour. L’amour, c’est ce fil qui maintient tout. Les pensées sont l’habit de l’âme ».

Tout le monde, les plantes et les animaux, avait entendu ces mots, car c’est la vérité, et le vent les faisait circuler partout. On devrait être un humain insensible pour supposer que plantes et animaux n’avaient pas d’âme,
Cependant la pensée que le petit bouleau avait vu planer entre les arbres et les herbes flottait comme une brume matinale tendre. Et tout ce qu’elle effleurait gardait un peu de sa variété de couleurs, de sa diversité de sens, et en faisait comme son propre habit.
Ainsi l’homme là-bas entre les grands arbres au ruisseau sentait l’effleurement de la pensée – ou plus précisément – il apercevait un changement particulier dans l’environnement et sur lui-même. Les murmures du petit ruisseau aux pieds n’étaient plus bruit à ses oreilles, ils devinrent un entretien. Et en regardant en haut dans les arbres il lui semblait qu’eux aussi, faisaient des messes basses.
Et un petit bouleau, se berçant dans une robe lumineuse que le soleil matinal lui avait offerte le regarda avec un petit sourire d’amabilité et chuchota : Veux-tu danser avec moi ? »
Et un grand hêtre distingué, vêtu d’une jupe grise, avec beaucoup d’yeux crissa en vitupérant : « Eh, oh ! ». Mais autour des yeux il y avait des rides de rire.
Et l’homme qui était assis au petit ruisseau forestier s’approcha du petit bouleau, le prit autour de la taille très doucement et il le sentait se blottir contre lui.

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Rezitation:

Rezitation: Interprète: Luis Lafabrié
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